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Formation et Enseignement en temps de COVID-19 dans l’Outre-Mer

Porteur du projet : Pierre-Olivier Weiss, Docteur en sociologie, INSPÉ de Martinique, Université des Antilles.

La recherche proposée porte sur le vécu, les perceptions et les attitudes en contexte de confinement tout d’abord des étudiant·e·s de l’outre-mer (avec un focus sur les fonctionnaires stagiaires de l’Éducation nationale française[1] qui suivent une formation initiale de niveau Master en alternance) puis des enseignants du primaire et du secondaire. En ce sens, une enquête par questionnaire en ligne a été réalisée pendant le confinement dans quatre territoires ultrapériphériques de l’État français : Guadeloupe, Martinique, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française.

La crise globale qui est intervenue par effet de la pandémie de COVID-19 a contribué à accélérer le débat sur le futur de l’éducation. Si, d’un côté, la réponse qui a été proposée par la plupart des gouvernements de la planète a été celle de privilégier le « tout numérique », d’un autre côté l’accueil qui lui a été donné par les usager·e·s (étudiant·e·s et enseignant·e·s) a été moins enthousiaste. La formation à distance, surtout sur le long terme, montre toutes ses limites quand elle devient obligatoire, sans qu’elle ait été adaptée aux exigences des usager·e·s, de l’écosystème d’application et réfléchit en fonction des outils à disposition. Ce constat issu des premiers résultats des recherche que nous avons menées (résultats corroborés par d’autres recherches en France et à l’étranger) nous invite à réfléchir autour des fragilités de certains contextes marginalisés ou périphériques, comme c’est le cas des territoires d’outre-mer : des anciennes colonies de l’Empire français qui ont été intégrées plutôt récemment (à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale) à la République française et qui souffrent encore aujourd’hui des effets de leur éloignement – géographique et idéologique – par rapport aux centres de décision en charge de la définition des politiques publiques (la plupart du temps situés dans la « métropole »).

Les résultats de notre étude permettraient également de repenser le plan d’action mis en œuvre par le gouvernement français (parfois basé sur une organisation centraliste et des solutions inadaptées aux spécificités locales de ces territoires ultramarins) et les outils à disposition afin d’abaisser la charge de travail et le niveau de stress des étudiant·e·s et enseignant·e·s de l’outre-mer. En effet, on voit bien que le numérique permet effectivement de limiter certaines contraintes qui pèsent sur les apprentissages (notamment grâce à la possibilité d’accéder à certaines informations d’où on veut, quand on veut), mais on ne peut pas oublier que les TICE ne sont que des outils et jamais des solutions. Ainsi, elles n’économisent ni le travail des personnels éducatifs ni celui des étudiants. Pour qu’un dispositif de continuité pédagogique puisse vraiment fonctionner, il est donc souhaitable d’identifier en amont les leviers (outil, formation, prédisposition des personnels et des étudiant·e·s, matériel disponible, etc.) sans lesquels toute interaction pédagogique à distance risque d’être fort inefficace et accroitre l’iniquité entre les étudiants.

Mots-clés

Continuité pédagogique, formation des enseignants, étudiant, fracture numérique, confinement, COVID-19, France d’outre-mer, pédagogie, apprentissage à l’âge adulte.


Citer cette vidéo : Weiss, P.-O. (2021). L’éternel bricolage. Bilan de la continuité pédagogique dans l’outremer. Séminaire mensuel du CREEF, 25 février 2021, INSPÉ de la Guadeloupe.

[1] La France dispose d’un important réseau de formation des futurs enseignants, composé de 30 établissements, dont huit en territoire ultramarin : cinq INSPÉ (dans les départements de Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion et Mayotte), deux ESPÉ (dans les collectivités de Nouvelle-Calédonie et Polynésie française) et un Institut de Formation des Maîtres (en Nouvelle-Calédonie, consacré à la formation des futurs enseignants des écoles primaires), qui regroupent, au total, un peu moins de 4.000 étudiants

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